24 janvier 2013

Y a du mercaptan dans le gaz

Si vous avez encore un orifice de narine non bouché par le rhume, vous avez sûrement du sentir la délicieuse odeur de gaz qui a envahi l'atmosphère parisienne dans la nuit du 21 au 22 janvier. Oui je fais référence à Paris parce que bon, le reste du monde, on s'en fout un peu après tout. Cette odeur avait pour origine une usine chimique de Rouen où apparemment une fausse manoeuvre dans une cuve de 30 tonnes a déclenché la propagation du gaz dans l'atmosphère.

Pour odorer le gaz afin de le détecter quand il y a une fuite, l'industrie chimique utilise un produit qui s'appelle le mercaptan. Vous avez sûrement déjà dû en sentir si votre chauffage n'est pas aux normes ou si votre collègue a tendance à péter un peu trop fort. Car oui, c'est un gaz qui se trouve aussi naturellement chez les êtres vivants et qui sert à la digestion et qui odore parfois votre urine dès fois que vous auriez une fuite vous aussi. Il est utilisé car il sent très fort et ne nécessite que de très petites doses pour un résultat optimum.

Du coup, vous imaginez bien sûr la panique quand l'odeur a commencé à se répandre à Rouen lundi matin vers 8h00 quand la réaction chimique s'est mal déroulée. Les services de secours se sont retrouvés saturés à juste titre par des appels de gens paniqués pensant qu'une guerre chimique venait d'éclater. Par conséquent, les journaux locaux ont fait quelques titres dessus afin de rassurer la population. Ils ont informé notamment que le gaz n'était pas toxique et que tout allait bien. Ouf ! Rassurée, la populace a pu retourner sereinement s'abrutir sur TF1

Problème, l'odeur ne s'est pas arrêtée en si bon chemin et a commencé à se faire sentir sur Paris dans la nuit de lundi à mardi. Autre problème, les médias nationaux n'ont pas pipé mot de cette actualité probablement jugée trop insignifiante face à la couleur de la cravate du jour de Hollande ou des derniers résultats de la Ligue 1. Du coup, ce sont maintenant au tour des services de secours parisiens d'être saturés. Les journaux ont alors finalement daigné évoquer l'information vers 6h00 pour rassurer encore une fois tout le monde.

L'affaire n'en est malgré tout pas restée là. Nos amis les Anglais ont à leur tour eu le privilège de respirer l'odeur de l'usine chimique rouennaise que le vent leur a généreusement amené. Et alors que le sujet a commencé à être creusé en profondeur, il s'avérerait que le mercaptan ne serait pas si inoffensif que ça.  Le gaz est en effet considéré comme inflammable et dangereux à haute dose. Malgré tout, les autorités officielles persistent et signent : il n'y a aucun danger. Pour dire, il y en a tellement aucun que le match Rouen / Marseille qui devait avoir lieu mardi soir dans un stade proche de l'usine chimique en question a été annulé. Pas de danger ? Oui mais seulement pour la population hein. On ne sait jamais, il ne faudrait pas faire prendre de risques aux footballeurs qui sont la fierté de notre nation.

Cet accident n'est pas le premier dans l'histoire des usines chimiques de Rouen. Un cas plus ou moins semblable avait eu lieu en 1976 où des émanations du même gaz s'étaient répandu dans une zone assez étendue autour de la ville. Le responsable du site avait alors été assigné en justice par quelques personnes qui s'étaient plaintes de malaises imputable au gaz flottant dans l'air. Sans compter plusieurs tonnes de denrées périssables appartenant aux marchands du coin qui avaient dû finir aux ordures. A la fin du procès, les responsables l'avaient juré, ça ne se reproduirait plus. Bon ils sont probablement à la retraite à l'heure actuelle s'ils sont toujours en vie donc on ne peut pas leur en vouloir.

Bref c'est probablement inutile de vous le dire vu le climat actuel mais si vous êtes près de Rouen, pensez à garder vos fenêtres fermées.

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